La traversée de l'Espagne
Ce long roadtrip de 3200kms débute à Nantes, d'où nous partons à 3 pour rallier Bordeaux rejoindre Kévin et poursuivre le trajet à 2 voitures. Arrivés vers 23h à Bordeaux, où nous devions passer la nuit avant de repartir le lendemain matin, nous décidons, excités par la promesse du voyage, de repartir aussitôt. La route de nuit fut agréable, car déserte et propice aux discussions à rallonges, mais après avoir passé la frontière et entamé la traversée de l'Espagne dans sa largeur, il nous fallait dormir car la fatigue commençait à peser. Arrêtés sur sur le parking d'une station service dans un coin désertique, nous dormons donc quelques heures dans les voitures.
Au petit matin, nous avons eu droit à un magnifique lever de soleil sur les roches de cette zone aride que je ne saurais localiser précisément. L'ambiance silencieuse de la station service, îlot d'humanité dans ce désert à perte de vue, était vraiment particulière, un sentiment de solitude, de nature toute puissante, et de voyage. Après avoir avalé un café et un petit déjeuner, nous sommes repartis plutôt frais en direction du Portugal.
Povoa de Varzim
La première escale de notre périple fut un petit camping au nord de Povoa de Varzim. Ce campement, niché dans les dunes, fait face à une immense plage propice au surf, raison de notre arrêt ici.
Aussitôt installés, nous enfilons nos combinaisons, et traversons un curieux tunnel sous les dunes afin de rejoindre la plage et, enfin, surfer.
Le vagues sont belles, déroulent doucement, la température est idéale pour pouvoir profiter plusieurs heures de l'endroit, notre session de surf se termine d'ailleurs au coucher du soleil quand il devient compliqué d’apercevoir les vagues approchant de nous.
Nous nous asseyons donc sur le sable quelques temps, profiter des derniers rayons du jours qui font apparaître en ombres chinoises plusieurs éoliennes off-shores à l'horizon.
La journée du lendemain présentant les mêmes conditions idéales que la veille, nous la passons encore à l'eau, surfant quasiment seuls sur cette plage immense.
Le Parc Naturel de Gerês
Après ces deux premiers jours de surf, nous avons plié bagages et repris la route en direction du Nord du pays. Nous nous enfonçons dans les terres pour rejoindre la région montagneuse de Gerês.
Sur notre chemin, nous croisons la route d'un barrage tapis entre deux montagnes rocailleuses, le panorama était vraiment splendide avec le lac et les nuages qui recouvraient à moitié les montagnes. Quelques troupeaux de chèvres gambadaient à flanc de colline et même sur la route.
Nous avons fait halte non loin de ce paysage, pour faire quelques photos et prendre le temps de manger, ayant roulé une bonne partie de la journée.
En fin d'après midi, nous avons enfin rallié le minuscule camping planqué au fond d'une toute aussi minuscule vallée. La nuit fut très froide car dans les montagnes les températures nocturnes descendent vite et fort.
Le Barrage
Le lendemain nous sommes retourné au barrage pour y faire des photos, et se promener dans les environs. Nous avons décidé au culot, d'aller escalader la montagne la plus proche du barrage pour avoir un meilleur panorama.
D'en bas on ne se rendait vraiment pas compte de la hauteur, et nous avons finalement mis presque 2 heures à arriver au sommet. Durant l’ascension nous avons trouvé plusieurs cranes de bouquetins et nous en avons ramené un comme trophée de cette escalade imprévue.
Une fois en haut, nous avons découvert la vallée s'étalant sous nos yeux entre les monts arides, le point de vue était incroyable, et nous y sommes resté facilement une demi-heure, admirer le paysage et photographier.
Depuis le sommet nous avions du coup accès à d'autres panoramas, sur le versant opposé de la montagne nous pouvions voir toute la chaîne montagneuse s'étirer jusqu'à l'horizon nuageux.
Les routes de montagnes
Une fois la rando terminée, nous avons repris les voitures pour continuer à rouler vers le Nord en direction de l'Espagne. On s'est donc enfoncé dans le massif montagneux faisant office de frontière naturelle entres les deux pays.
La route était incroyable, une suite interminable de lacets serpentant à flan de ravin et dévoilant des paysages à chaque tournant. Nous avons fait beaucoup d'arrêts pour prendre des photos et admirer la vue.
Plus nous progressions, plus nous nous sommes retrouvé dans un paysage forestier, avec des arbres très hauts et très denses donnant une tout autre ambiance au trajet.
La Cascade
Au beau milieu de la forêt nous sommes passés par sur un pont enjambant une rivière, avec une belle cascade à quelques dizaines de mètres. Nous nous sommes arrêtés pour prendre des photos, puis nous avons été se balader plus près, en prenant un sentier longeant le cour d'eau.
La cascade chutait d'une petite dizaine de mètres, avec des falaises qui l'encadraient de part et d'autres.
On a alors décidé de retourner aux voitures chercher les combinaisons de surf afin de sauter depuis les falaises au pied de la cascade.
Une fois les combis enfilées, nous sommes remontés en haut. Après un instant d'hésitation, je fus le premier à me lancer, à sauter dans l'eau bouillonnante. Le contact avec l'eau m'a quasiment tétanisé sur le coup, je n'avais pas réalisé à quel point l'eau d'un cours d'eau de montagne pouvait être froide. Entraîné par le courant, je me suis agrippé tant bien que mal à un rocher, le temps de reprendre mes esprits et enfin remonter prévenir les autres.
Une fois le 1er choc du froid passé, nous sommes restés facilement une heure à plonger chacun notre tour dans l'eau, en changeant d'endroit, pour essayer de sauter toujours plus haut. Cette baignade improvisée était super fun, mais nous a aussi épuisé, à cause du froid de l'eau et de l'effort à fournir pour escalader la falaise après chaque saut.
La frontière Espagnole
Retour dans la plaine, après être descendu des montagnes, nous nous sommes dirigés vers la cote Ouest espagnole; le ciel était chargé, quelques rayons de soleil arrivaient quand même à percer les nuages et à nous éblouir par moments.
Sur la route nous avons improvisé un bivouac pour déjeuner au pied d'un des énormes rochers arrachés à la montagne derrière nous.
Le Surfcamp
Après quelques recherches rapides sur internet pour trouver où dormir le soir, nous sommes tombés sur un petit "surfcamp", directement sur les dunes face à une baie propice au surf.
Le camping était sous les pins et quasiment désert, rien de plus paisible avec l'océan face à nous. Nous avons planté la tente en arrivant alors que la nuit commençait à tomber, nous étions de toute façon épuisés et on s'est couché tôt pour pouvoir être d'attaque le lendemain.
Le lendemain nous avons découvert un paysage magnifique, le soleil perçant à travers les branches et l’océan bleu pâle s'évasant paresseusement devant nous. Sans tarder, nous avons déjeuné rapidement et enfilé nos combinaisons de surf pour aller se mettre à l'eau.
On y a passé quasiment toute la journée tant les vagues étaient belles et agréables à surfer. Nous étions absolument seuls dans la baie. On ne sortait de l'eau que pour aller manger ou se reposer entre deux séries de vagues.
Sunset & Dauphins
Le soir venu, alors que le soleil couchant enrobait la baie de sa lumière dorée, quelques dauphins sont venus jouer à coté de nous dans les vagues. Sautant à travers l'écume et filant à toute vitesse sous l'eau. Ils sont restés tout un moment à nous tenir compagnie, semblant jouer à nos cotés, cherchant à nous imiter avec nos planches.
Nous sommes finalement sortis de l'eau et j'ai couru à la tente récupérer mon appareil pour tenter de les photographier. Après être grimpé en vitesse sur la vigie des secouristes, j'ai pu apercevoir leurs ailerons au dessus de la surface de l'eau et saisir quelques images médiocres, mais qui feront tout de même un beau souvenir.
Nous sommes ensuite restés perchés sur la vigie à regarder le soleil descendre jusqu'à doucement passer derrière l'horizon.
Ensuite nous avons rassemblé du bois flotté qu'on trouvait en abondance sur la grève de la plage, pour faire un feu de camp sur la plage.
Nous avons mangé là et Pierrick avait eu la bonne idée d'acheter des chamallows plus tôt dans la journée. Alors, après avoir cherché dans le noir quelques brindilles pour servir de piques, nous les avons fait griller, tout en bavardant de notre journée, et du voyage. C'était un super moment, intime, apaisant, où je me sentais plus que jamais à ma place.
La base Nazie
La matinée suivant nous avions décidé d'aller voir de plus près des bâtiments abandonnés que nous avions aperçu en arrivant au camping.
Nous avons repris une voiture pour monter tout au sommet de la falaise, où se trouvait une ancienne base allemande de la 2eme guerre mondiale. dans un état de délabrement avancé, très dégradée et taguée, nous avons donc rapidement fait le tout du site avant de trouver un sentier menant à un piton rocheux d'où nous avions une vue splendide sur l'océan et les falaises.
La cote Basque Espagnole & les plages secrètes
Le lendemain, nous avons quitté le surfcamp un peu à regret tant l'endroit était sympa, et nous avons continué à longer la côte Nord de l'Espagne en direction de la France.
C'était une belle route, sinuant entre les vallées et les montagnes, avec la côte d'un coté et la forêt de l'autre. Par moment nous traversions des petits villages ou nous en apercevions au loin, tapis au creux d'une baie ou d'un estuaire. Nous avons fait divers arrêts, pour admirer la côte, les roches, les plages et les falaises.
L'arrêt le plus intéressant fut lorsque nous sommes partis à la découverte de la plage "secrète" de Gulpiyuri, située dans la région des Asturies. Grâce à une info trouvée sur un groupe Facebook, nous avons garé les voitures sur un parking en terre battue. L'océan était à environ 1km de nous, bordé de falaises vertigineuses, et entre les deux, de vastes étendues de champs agricoles.
Nous avons donc suivit les indications, un peu vagues, et nous sommes partis à travers champs chercher cette plage mystérieuse. Après avoir tournée en rond pendant 45 minutes, nous l'avons enfin aperçue. Tapie entre deux collines, un minuscule trou de quelques dizaines de mètres se découpait au beau milieu des champs et de manière improbable, il y avait là une jolie plage de sable ainsi que de l'eau de mer et même des vagues!
Cette plage résulterait en fait de l'effondrement d'une caverne dans les falaises, où des galeries laissent passer l'eau de mer assez loin sous les terres.
L'endroit était incroyable, presque surréaliste, nous étions entourés de champs, et là devant nous une microplage, à au moins 600 mètres de l'océan.
Nous y avons donc passé tout un moment à se baigner et sauter du haut du trou directement dans l'eau. Cette plage est à priori peu connue, à priori presque que des locaux, à tel point que nous avons été seuls tout le temps que nous y sommes restés.
Zarautz
La dernière étape de notre voyage, fut le camping de Zarautz, quasiment un incontournable de tous mes voyages en Espagne. Cette petite station balnéaire située à moins d'une heure de Biarritz, et notamment son camping sur la colline dominant la baie est une étape fréquente de mes voyages dans le coin. Une magnifique plage où surfer, une colline qui surplombe la baie, d'où on peut admirer les couchers de soleil, et enfin le camping, rempli de backpackers et de surfeurs des 4 coins du monde, avec qui il est toujours sympa d'échanger, voir prendre un verre.
Cette fois-ci nous y avons juste passé une courte nuit, avant de partir au petit matin en direction de la France.
Ce long trajet a été au final très improvisé, nous avons créé l'itinéraire quasiment au jour le jour, se laissant porter par ce qui nous entourait, et ce par quoi nous étions inspirés sur le moment.
C'était une façon un peu différente de voyager que lors de mes aventures précédentes, et je reconnais que même si on a dû louper pas mal de chose à fonctionner comme ça, se laisser porter, lâcher prise est aussi hyper agréable en voyage.
Depuis ce voyage, j'essaie d'ailleurs de trouver un juste milieu quand je pars, entre prévisions des spots incontournables, et liberté de changer de programme et de se laisser porter. C'est un bon équilibre à mes yeux pour vivre l’expérience voyage de la meilleure des manières.