Ce voyage est sûrement celui pour lequel j'aurais le plus longtemps hésité à choisir la destination. Cela faisait plus d'un an que je privilégiais les destinations "froides et montagneuses". Du coup, j'avais envie de changer d'environnement, d'un peu de chaleur, de détente et de découvrir d'autres types de paysages.
JOUR #1
Nous avons pris l'avion de Paris, 8h de vol. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé autant de temps dans un avion, et ça ne me manquait pas! Malgré le faible coût des billets, j'ai été assez agréablement surpris par la qualité du service à bord, ce qui nous aura permis de faire passer le temps plus vite. Sans arriver à dormir, j'aurai passé la majeure partie du vol à lire.
Avec le décalage horaire, nous avons atterri en fin d'après-midi, sortant de l’aéroport juste à temps pour apercevoir les dernières lueurs du soleil dans le ciel et éprouver comme à chaque fois dans un territoire tropical, ce petit choc de la chaleur et de l'humidité de l'air où il faut plusieurs minutes pour que la sensation de suffocation disparaisse. Nous avons ensuite été récupérer la voiture de location sur un parking à proximité avant de prendre la route jusqu'à Pliane, un petit village au Sud de Grande Terre.
Nous logions chez l'habitant, et une fois arrivés je n'ai pas mis longtemps à m'endormir, éprouvé par le long voyage.
JOUR #2
A cause du décalage horaire, le réveil fut très matinal, dès 5h du matin. Comme l'aube commençait déjà à pointer son nez, nous avons décidé d'aller faire une petite baignade matinale, la première, dans une crique à proximité de notre logement.
Nous sommes arrivés sur la plage de Petit-Havre, bordée d'arbres et de végétation luxuriante en tout genre. Nous étions absolument seuls, l'eau et l'air étaient déjà assez chauds pour entrer dans s'y baigner sans difficulté. Nous avons pu savourer ce moment de tranquillité pendant plus d'une heure, absolument seuls dans cette jolie crique.
Quelques canots étaient amarrés non loin de la plage, et vers 7H du matin, plusieurs locaux commencèrent à arriver, soit pour se baigner eux aussi, ou bien grimper dans les petits bateaux pour partir pêcher avant que le soleil ne tape trop fort.
Nous sommes ensuite rentrés au logement, juste à coté, pour petit déjeuner. Puis nous avons pris la voiture pour partir à la découverte de l'île, en commençant par longer la côte vers l'Est.
Notre premier arrêt fut à Sainte-Anne où nous avons parcouru son marché, tout en couleurs, nous y avons acheté une multitude de fruits exotiques pour en découvrir le goût: Abricot Pays, Banane, Carambole, Goyave, Sapotille...
Notre seconde halte fut à la plage de Bois Jolan, plage apparemment très réputée de Guadeloupe. Nous nous sommes donc enfoncés dans la brousse, suivant un chemin de terre qui longe la plage.
L'endroit était magnifique, une longue plage sauvage bordée de végétation et d'immenses palmiers, une eaux plus turquoise que jamais grâce à son sable blanc, mais ce plaisir fût en partie gâché par les algues, les sargasses, omniprésentes dans l'eau et échouées sur la grève, dégageant un forte odeur.
Je savais pourtant que ces algues étaient une problématique actuelle de l'île de Guadeloupe, mais j'avoue que sur le moment ça m'était sorti de la tête et c'était assez frustrant de ne pas pouvoir pleinement profiter d'un aussi bel endroit.
Nous avons néanmoins passé un agréable moment, et la balade dans le sous-bois longeant la plage, un bon prétexte pour se rafraîchir à l'ombre de la végétation était toute aussi intéressante. Je suis d'ailleurs tombé nez à nez avec une jeune vache au détour d'un buisson.
Quand nous avons repris la voiture, nous sommes passés devant une case où une vieille femme vendait des acras maison, nous lui en avons pris une douzaine pour faire office de repas du midi, tout en bavardant avec elle le temps qu'elle les fasse frire.
Nous sommes ensuite passés à proximité du port de pêche de Sainte-Anne, où je me suis arrêté tellement j'étais interloqué par la quantité d'algues qui avait envahi le port. Je me demandais bien comment les bateaux pouvaient encore entrer et sortir sans coincer leurs hélices. Le port était absolument désert et silencieux, d'une immobilité presque étrange. Seuls quelques pélicans, ne semblant pas le moins du monde dérangés par les algues, volaient et plongeaient en piqué à travers la couche de sargasses pour aller pêcher quelques poissons.
Poursuivant notre route vers l'Ouest le long de la côte, nous sommes arrivés sur la commune du Gosier et plus précisément la plage de la Datcha.
Petite plage touristique en plein centre de la ville, elle était évidemment assez fréquentée par les touristes et les locaux, que ça soit pour la bronzette ou pour les sports nautiques.
Mais je voulais venir sur cette plage pour une autre raison. En effet, juste en face, à quelques centaines de mètres de la rive, l'îlet du Gosier se laissait apercevoir, et je voulais le survoler avec mon drone pour en tirer quelques clichés.
Nous avons donc marché sur la plage, afin d'arriver au niveau le plus proche de l'îlet et j'ai aussitôt entrepris de préparer mon drone, ce qui n'a pas manqué de susciter l’intérêt des passants qui se sont vite retrouvé un petit groupe autour de moi pour observer.
Je l'ai donc envoyé voler au dessus de l’îlet à environ 400 mètres de là où nous étions, le survolant plusieurs fois pour en capturer un maximum d'images. Agrémenté de son phare et entouré de récifs brisant les vagues, j'ai réussi à obtenir quelques clichés intéressants.
Alors que le jour commençait à tombe,r nous avons rebroussé chemin pour revenir à notre logement pour se reposer et manger un vrai repas (les acras du midi n'avaient pas pesé lourd).
JOUR #3
Ce matin là, nous sommes retournés à la plage du petit Havre de très bonne heure, car le décalage horaire se faisait toujours sentir et nous étions encore une fois debout aux aurores.
Après cette baignade matinale, nous avons rendu notre logement, car c'était le dernier jour que nous passions en Guadeloupe avant de partir pour la Dominique.
Nous avons ensuite pris la voiture pour rouler en direction de Basse Terre, la partie de l'île la plus montagneuse. J'avais dans l'idée de visiter la distillerie Montebello, alors nous nous sommes enfoncés dans les collines couvertes de jungle pour rejoindre le site, un peu au Sud de la ville de Petit-Bourg.
Juste avant d'arriver à la distillerie, cachée dans les hauteurs du village, nous sommes passés devant un terrain vague avec de nombreuses voitures anciennes à l'abandon. Je me promettais alors d'y revenir après la visite.
Une fois devant la distillerie, la personne manifestement chargée de l’accueil est sortie dans la cour pour venir nous dire qu'ils ne faisaient pas de visite ce jour là avant de repartir tout aussi vite dans sa guérite.
Nous revinrent donc plus tôt que prévu au niveau des épaves de voitures. Le terrain était en fait celui d'une villa partiellement construite et apparemment abandonnée avant la fin des travaux en train de se faire avaler par les plantes grimpantes.
De nombreuses vieilles voitures, anglaises, américaines, françaises jonchaient le terrain, toutes plus ou moins recouvertes de végétation.
De nombreuses américaines rouillaient lentement ici et là, Buick, Dodge.. et notamment cette superbe Lincoln Blanche relativement préservée de la jungle envahissante mais néanmoins déjà dans un état de rouille avancé.
J'ai un intérêt assez vif pour les voitures anciennes à l'abandon, qui font de beau sujets photographiques, et me laissent toujours une impression de "gloires du passé", de "héros déchus" qui ont fait la fierté d'une époque, et qui n'en sont plus aujourd'hui que les vestiges négligés.
Une Chevrolet et une Jaguar (mais comment avait-elle pu atterrir ici?) trônaient côte à côte un peu plus loin.
Derrières, de vieilles françaises semblaient être là depuis plus longtemps encore et avaient quasiment disparues, mangées par la végétation. J’apercevais aussi quelques autres américaines des années 70 dont seule la calandre dépassait encore des feuilles, ainsi que des modèles européens plus récents et donc sans intérêt particulier.
Au total nous avons facilement passé une bonne trentaine de minutes sur le site, à observer et photographier les différents véhicules.
Nous sommes ensuite revenus le long de la côte pour remonter vers le nord et bifurquer ensuite à l'Ouest, contournant le volcan. Nous quittions donc le bord de mer pour nous enfoncer le long d'une unique et superbe route à travers la jungle.
Cette route travers Basse-Terre dans sa largeur à travers la jungle épaisse à flanc de volcan, mais nous ne voulions pas l'emprunter jusqu'au bout. En effet à mi-chemin se trouve une des chutes d'eau les plus célèbres de Guadeloupe: La Cascade aux Écrevisses. Comme nous étions à proximité, nous en avons profité pour aller la voir.
Au creux d'une vallée, un petit parking de terre était aménagé sous les arbres, nous y avons laissé la voiture avant d'emprunter en sentier boueux de quelques centaines de mètres sous la canopée qui finissait directement au bord du bassin de la cascade.
Assez connue et facile d'accès cette cascade est habituellement pas mal fréquentée, mais pour notre chance nous n'avons croisé qu'un couple qui s'en repartait lorsque nous arrivions. La cascade était bien plus petite que ce que je m'étais imaginé, elle est alimentée par un petit ruisseau qui coule plus haut sous les arbres avant de venir se jeter dans un bassin creusé dans la roche, et enfin se bassin s'écoule lui même en se faufilant à travers des rochers jusqu'à la rivière principale, bien plus large que le ruisseau, qui coule juste en contre bas.
Néanmoins le lieu est magnifique, le petit cirque de roches érodées par l'eau est tapissé de mousse et de fougères et de longues lianes pendent des branches d'arbres qui se jettent au dessus du bassin.
L'eau y est étonnamment très froide et je n'y aurai fait qu'une courte baignade avant de reprendre mon appareil et photographier les lieux.
Pour finir la matinée, nous voulions aller passer quelque temps sur une plage avant de partir déjeuner. En regardant sur la carte, j'ai vu que la plage de Viard n'étais pas loin de nous, juste au Sud de Petit-Bourg, un village sur la côte.
Nous avons donc rebroussé chemin pour rejoindre la côte que nous avons à nouveau longé vers le sud en empruntant cette fois une petite route qui serpentait sous les cocotiers à quelques mètres de l'océan. La route était absolument magnifique avec le soleil qui filtrait au travers des palmes, dessinant des motifs sur le bitume.
Nous l'avons parcourue tout un moment, s’arrêtant pour faire des photos à chaque virage ou presque. Cependant, la plage située juste à notre gauche était, ici aussi, totalement envahie de sargasses sur plusieurs dizaines de centimètres. Ce n'était même pas la peine de descendre, l'eau avait pris une teinte marron à cause des algues qui y flottaient densément.
Dépités, nous avons fini par faire demi-tour.
Au Nord de cette route se trouve Petit-Bourg, la petite ville côtière assez surprenante. Et pas dans le bon sens. La commune est entièrement délabrée, le front de mer devasté, probablement par les ouragans successifs de ces dernières années, et tout a été laissé tel quel à pourrir. La plupart des habitations sont à l'abandon ou quasiment en ruines, les commerces sont fermés, abandonnés eux aussi.
Quelques étalages faméliques subsistent tant bien que mal et on observe les habitants, semblant errer dans les rues. C'est pauvre, délabré et c'est un bien triste spectacle pour un territoire français.
Nous avons parcouru à pieds la place principale, déserte, quelques ruelles aux maisons colorées et croulantes ainsi que le front de mer où les énormes dalles de béton avaient été déplacées et brisées par la force de l'océan.
Alors que je faisais quelques photos des bâtiments à l'abandon, une femme, que je pris d'abord pour un homme en raison de ses cheveux ras, s'approcha de moi, en me parlant en créole.
Souriante, la pauvre femme avait le corps déformé et l'abdomen complètement distendu par un mal inconnu. Nous avons fini par nous comprendre et elle désirait tout simplement que je la photographie. Ce que je fis de bon cœur, car elle m'offrait un sujet à placer sur ma photo.
Alors que je revenais vers elle pour lui proposer de lui envoyer la photo à mon retour, elle s'éloigna en riant, traînant son cabas en disant qu'elle ne voulait pas.
Entrevue brève et surréaliste qui me laissa quelques secondes perplexe au milieu de la route déserte.
Enfin, nous avons passé l'après-midi à Pointe à Pitre, nous avons tout d'abord ramené la voiture de location à l'aéroport puis nous sommes revenus dans la ville en bus. Comme nous prenions le bateau très tôt pour la Dominique le lendemain, nous avions pris un logement pour la nuit près du quai de départ.
Les quelques heures de jour restantes, nous avons été nous promener dans le centre de la capitale de l'île.
Quelle mauvaise idée!
Pointe-à-pitre c'est Petit-Bourg en plus grand, tout y est délabré, à l'abandon, des types louches zonent à chaque coin de rue et il y a des prostituées partout en pleine rue et en plein jour. D'ailleurs à peine arrivés sur la grande place nous sommes tombés sur une scène de crime, où les policiers, pragmatiques et surement un peu blasés avaient recouvert le corps d'un tissu blanc et faisaient les photos de rigueur. Le tout à la vue libre des passants. C'était surréaliste.
Nous avons tout de même été visiter différents marchés, celui aux épices et celui aux fruits notamment, visite qui aurait pu être agréable si les vendeuses n'étaient pas à la limite de l'agressivité en nous alpaguant dans les allées.
Après cette courte déambulation dans les rues sales de la ville, nous sommes retournés au logement sans trop nous attarder.
Le lendemain matin, nous nous sommes une fois de plus levés de bonne heure pour aller prendre le bateau devant nous mener à La Dominique.
Vous pouvez retrouvez le récit de ma semaine en Dominique en cliquant sur l'image ci-dessous, le récit de la Guadeloupe reprend donc à notre retour de cet escapade Dominiquaise.
JOUR #4
Le jour de notre retour, nous avons débarqué à pointe-à-pitre à midi, nous sommes retournés en taxi à l'aéroport louer une nouvelle voiture, puis nous sommes allé faire les courses pour avoir de quoi manger durant les jours à venir.
La suite de notre exploration de la Guadeloupe commençait par le tour de Basse-Terre et notre logement était donc dans le village du Carbet.
Après les courses, nous nous y sommes rendus et après une bonne heure de route nous étions enfin arrivé au logement, un petit bungalow loué par des particuliers.
Comme la journée était bien avancée et que nous étions assez fatigués, nous ne sommes pas ressortis pour cette fin d'après-midi.
JOUR #5
Ce matin là, bien reposés, nous avions décidé de partir dans la jungle du volcan, nous voulions faire la randonnée menant aux fameuses chutes du Carbet. Il avait plus une bonne partie de la nuit, mais le ciel semblait calmé au petit matin, juste gris, parfait pour ne pas mourir de chaud sur le sentier.
Arrivés à l'entrée du sentier, un panneau nous indiquait d'emblée que les 2 plus hautes cascades étaient inaccessibles à cause de glissement de terrains survenus lors des ouragans de l'an passé. Nous avons alors décidé d'aller au moins voir la 1ere chute d'eau quitte à y passer un peu plus de temps.
Le chemin était boueux et détrempé par la pluie de la nuit, d'énormes flaques bloquaient le passage et il nous fallait alors couper par la jungle pour les contourner. La forêt était luxuriante, dense et le vert des feuilles brillait avec l'humidité.
A partir d'un certain moment, le sentier s'était transformé en crevasse, ou l'eau avait fait son chemin, creusant de profondes rigoles et éboulant le terrain. L’ascension en fut ralentie car il nous fallait quasiment sans arrêt marcher dans la foret ou sauter d'îlot en îlot pour progresser, nous avons eu plusieurs gués à traverser, où en temps normal j'imagine que ce n'était qu'un simple filet d'eau à enjamber, mais les pluies avaient gonflé les paisibles ruisseaux et il nous a fallu faire des acrobaties et tremper les chaussures pour les traverser.
Au bout de 2 heures de marche, nous sommes finalement arrivés sur le petit plateau qui surplombe la cascade, le bruit était assourdissant et les embruns de la chute d'eau nous trempaient plus que la pluie, et pourtant nous ne la voyions même pas, cachée par un épais mur de végétation.
En s'approchant du bord de la falaise, le sentier était totalement effondré, un glissement de terrain avait emporté le dénivelé et devant moi s'étendait une paroi verticale de 10 mètres de terre humide. J'apercevais le chemin reprendre plus bas, et après une courte réflexion et la découverte d'une corde de fortune accrochée à un arbre à proximité, je me suis décidé à tenter la descente.
M'accrochant aux racines autant qu'à la corde, j'ai réussi à arriver en bas sans trop de peine autre qu'être recouvert de terre collante. Une fois l'obstacle franchi, le chemin reprenait normalement et j'ai pu accéder au berges du bassin devant la cascade.
Immense et furieuse, la chute d'eau grondait devant moi en crachant son écume, ce qui me compliqua la tâche pour photographier l'endroit car dès que j'essuyais mon objectif, des milliers de gouttelettes revenaient aussitôt s'y coller, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois avant d'arriver à saisir une image correcte. Le son de l'eau était vraiment assourdissant, sans doute amplifié par les falaises de roches qui l'entouraient.
En quelques minutes les embruns me trempèrent totalement, alors sans traîner, je rangeais mon appareil et je repris la route du sentier. L'ascension du glissement de terrain ne fut finalement pas beaucoup plus compliqué que la descente et en 3 minutes j'étais en haut, plus boueux que jamais.
Alors que nous redescendions, la pluie est revenue, achevant de nous tremper, et ravivant les rigoles sur le sentier, où il avait à nouveau fallu jouer à saute mouton pour éviter de s'y enfoncer.
La descente fut tout de même plus rapide que l'aller, et j'ai savourer me retrouver au sec dans la voiture tout en bas.
La jungle sous la pluie était malgré tout magnifique et la cascade était, je crois, bien plus gonflée qu'à l'ordinaire, me permettant d'en saisir des images différentes.
L'après-midi le temps s'est dégagé, et le soleil ardent n'a pas mis longtemps à faire s'évaporer l'eau de pluie du matin.
Nous avons repris la voiture pour remonter au dessus de la ville de trois-rivières, tout à la pointe Sud de Basse-Terre. Ici à flanc de montagne s'écoulent des sources thermales, il existe 3 bassins pour en profiter, 2 sont aménagés, et régulièrement utilisés par les locaux. Un 3ème plus bas dans la vallée, accessible par un sentier dans la foret, est un bassin naturel aux eaux turquoises avec une mini plage de sable blanc. Dans les 3 bassins l'eau est quasiment aussi chaude que celle d'un bain. Nous en avons donc profité, et notamment le dernier, naturel, qui était désert!
JOUR #5
Ce matin là nous sommes remontés plus hauts que les bains de la veille, à flanc de volcan, dans l’idée de grimper jusqu'au sommet. La vue durant l'ascension était splendide sur la pointe Sud de l'île.
Hélas, encore une fois, le chemin était condamné pour cause de glissements de terrain. Nous nous sommes alors dirigés vers le site des Bains Jaunes, une autre source d'eau thermale, sulfurée et très chaude. Comme il était encore très tôt, le grand bassin au bord du chemin était désert et là aussi nous avons pu en profiter tranquillement.
Je regrette de ne pas avoir pu monter au sommet, rien que pour la vue qu'il devait y avoir.
En redescendant, nous sommes passés par des routes qui sillonnaient des champs agricoles et notamment des bananeraies verdoyantes, s'étendant à perte de vue de toute part. Cette région de la Guadeloupe est une des plus agricole, je pense à cause des terres volcaniques très fertiles.
Nous avons repris la route de la côte pour atterrir sur la plage de Rocroy. C'est une petite baie flanquée de falaises rocheuses au sable grossier, pas la plus belle plage de l'île ni même de la région.
Néanmoins je tenais à y aller car on y trouve nombre d'iguanes vivant autour des falaises. J'avais envie d'observer ces énormes lézards et je n'ai pas été déçu, en effet il a été très facile de les observer se dorant au soleil, immobiles sur les rochers.
Aussi gros et immobiles qu'ils paraissaient, le moindre bruit suspect les faisaient détaler à une vitesse surprenante. J'ai tout de même réussi à en observer et en photographier quelques uns.
En fin de journée, nous sommes passés rapidement au niveau de la plage de Malendure, à quelques centaines de mètres de notre logement pour la nuit.
Cette grande plage, réputée pour l'observation des tortues était quasiment déserte à l'heure où nous y sommes allés. Après avoir enfilé les masques de plongée nous sommes allés essayer d'observer les tortues qui nagent dans la baie.
Cependant, la tombée du jour est vite arrivée, réduisant énormément la visibilité sous l'eau, et quand la pluie a commencé à tomber, nous avons définitivement abandonné nos tentatives pour ce jour là.
Nous sommes donc rentrés à notre logement, où les propriétaires nous ont accueillis avec un apéritif maison composé de rhum arrangé et d’acras. Nous avons finalement passé la soirée ensemble à la lueur des torches dans le jardin à discuter tous les quatre.
JOUR #6
Ne voulant pas rester sur l'échec de la veille, dès le lever du soleil, nous sommes retournés sur la plage aux tortues où nous avons replongé pour essayer d'en apercevoir cette fois-ci.
Nous n'avons pas été déçus, en effet j'ai pu observer nombre de tortues nageant dans les eaux calmes et limpides de la baie, passant parfois à quelques centimètres de moi, totalement indifférentes à ma présence. Moment magique de communion avec la nature, j'ai bien conscience que cette plage est devenue une attraction touristique où les gens viennent comme nous spécifiquement pour observer ces animaux. Mais ceux-ci ne semblaient pas le moins du monde dérangés par les humains, sans doute habitués à leur présence.
Après ce moment "nature", nous sommes rapidement repassés à notre logement pour faire nos sacs et saluer nos sympathiques hôtes, puis nous avons pris la route vers le Nord, longeant la côte.
J'avais en tête en venant en Guadeloupe de pouvoir déguster un bon poulet boucané, spécialité des Antilles que je connais bien pour en avoir souvent mangé en Martinique. Je m'étais donc renseigné pour trouver le "meilleur" poulet boucané de Guadeloupe et plusieurs locaux m'avaient indiqué une gargote dans le village de Sainte Anne tout au Nord de l'île.
Finalement arrivés devant, le restaurant n'était en fait qu'un genre d'appentis en parpaings bruts, avec un toit de tôle couvert de végétation morte. On déjeune sur des vieilles chaises de jardin en plastique. L'ambiance y était conviviale et tout cela contrastait avec le mur du fond recouvert de plaques de recommandations du Routard, du guide Michelin et autres guides touristiques.
Le cuisinier et propriétaire de l'endroit était au centre de la salle principale, cuisant dans un îlot-cuisine ses fameux poulets.
Ici, contrairement à la Martinique, le poulet est grillé sur un feu de cannes à sucre, et non cuit à l'étouffée. Cela le rend plus sec, c'est différent mais tout aussi bon.
J'ai adoré ce repas simple que j'attendais depuis longtemps. A tout choisir je préfère quand même la cuisson martiniquaise, mais le repas valait tout de même largement le déplacement, surtout pour le modeste prix demandé.
Nous avons ensuite passé l'après-midi à découvrir les "plus belles plages" de l'île, et donc le splus touristiques.
Bien que nous soyons venus ici hors saison, il y a avait tout de même beaucoup de monde sur ces 3 fameuses plages que sont Clugny, La Perle & Grande Anse. Néanmoins, ils nous suffisait de marcher un peu pour s'éloigner des entrées pour se retrouver relativement seuls sur ces immenses plages de sable fin aux eaux turquoises.
La plage de Grande Anse a particulièrement retenu mon attention a cause du panorama grandiose sur la presqu’île au loin, et surtout car une mangrove venait aboutir juste derrière le banc de sable de la plage, en marchant nous avions donc d'un coté l'océan et de l'autre la mangrove bordée de jungle qui s'étendait telle un fleuve amazonien.
En fin d'après-midi nous avons roulé le long de la côte Nord pour remonter jusqu'à Port-Louis, une petite ville côtière où nous devions passer la Nuit.
Village paisible malgré sa relative importance, nous avons été acceuillis par une grand-mère quasiment sourde, pourtant très alerte, elle nous attendait sur le pas de porte de sa maison, et nous a guidé à travers un dédale de miniruelles, de placette. Elle nous expliqua en quelques mots que son mari et elles avaient construit depuis les années 70 de nombreuses extensions à l'arrière de leur maison pour accueillir les touristes de passage. Finissant par transformer leur terrain en une sorte de mini village tortueux ou s'empilaient des maisonnettes, des douches communes, plusieurs petites places, de nombreux arbres, dépendants, tables de banquet, puits, bassin, ruelles, escaliers et balcons en tous genres.
L'ensemble bien entretenu me rappelait certains villages du sud Est où les habitations sont tassées les unes sur les autres.
A la tombée du jour, nous avons eu un sursaut d'énergie et l'envie nous prit d'aller mettre les pieds sur la plage du Souffleur pour admirer le coucher du soleil.
En partant je notais le vieux van du défunt mari de notre hôte, croupissant dans un hangar.
La plage fut une déception car non seulement le ciel s'était couvert au dernier moment, nous empêchant de pouvoir observer les derniers rayons du soleil. Et surtout, dès que nous sommes arrivés, une multitude de mouchettes se sont mises à sortir du sable et à nous piquer. Comme je l'apprendrai plus tard, elles sont assez communes en Guadeloupe, appelées "Yen-Yen", nous n'en avions pourtant pas rencontré jusque là.
Du coup nous sommes rentrés aussi vite que nous étions arrivés, pour dîner sur une des nombreuses terrasses du village et profiter de la soirée calme, car nous étions les seuls locataires.
JOUR #7
Le lendemain matin, nous avons pris congé de nôtre hôte de bonne heure, après avoir encore une fois déjeuné sous les arbres du jardin de son "mini-village".
Nous nous sommes rendus à la plage de la Chapelle, au niveau de l'Anse-Bertrand. Comme nous y étions de bonne heure, elle était quasiment déserte. La petite baie était pleine de roches attirant énormément de poissons multicolores, j'ai alors sorti le masque et le tuba pour pouvoir les observer en veillant à ce que les vagues ne me projettent pas contre les récifs coupants, car le ressac était puissant dans cette baie.
Nous avons déjeuné sur la plage à 11h pour pouvoir profiter du reste de la journée.
L'étape suivant fut la Pointe de la Grande Vigie, un ensemble de falaise situées au point le plus au Nord de Basse-Terre, et donc de Guadeloupe en général.
Ici l'ambiance était bien différente, déjà car le ciel était couvert, mais aussi car la végétation se faisait rase, seuls des buissons poussaient en abondance sur le plateau rocheux, j'avais par moment l'impression d'être rentré en France. Ici pas de jungle, de palmiers ni de plage de sable fin.
Les falaises s'étendent à perte de vue et la forme de la pointe permet de les observer sur une très grande distance.
Nous avons parcouru plusieurs sentiers longeant le précipice rocheux, avant de finalement quitter les lieux car le temps commençait à se dégrader et je n'avais pas envie de me retrouver sous la pluie.
ous avons fait une courte halte dans le centre du Moule pour tenter en vain de trouver des livres, puis nous avons été rejoindre notre logement pour la nuit, un petit bungalow proche de l'océan à l'Est de la ville.
Notre logement était situé dans un petit jardin arboré avec notamment un beau manguier auquel nous avons cueillis quelques fruits pour le dessert du soir.
Avant que la nuit ne tombe, nous avons été piquer une tête sur la petite plage dite "De l'autre bord" au bout de la ruelle.
Enfin, fatigués nous avons passé la soirée sur la terrasse, profiter de la fraîcheur du soir avant que les moustiques, en nombre important à cause de la végétation, nous incitent à rentrer.
JOUR #8
Pour cette dernière journée en Guadeloupe, j'avais envie de visiter une distillerie de rhum, car je me rappelais avoir apprécié les visites en Martinique plus jeune et je ne voulais pas rester sur l'échec de Montebello.
Nous sommes donc allés à la plus grande distillerie de l'île, Damoiseau, pas forcément réputée pour un rhum excellent, ça restait néanmoins une des rares distilleries avec un beau domaine et visitable.
Nous y sommes arrivés de bonne heure, et après un accueil chaleureux nous avons eu quartier libre pour visiter l'usine de transformation de la canne a sucre, et celle d'embouteillage. Nous avons donc déambulé sur les passerelles parmi les employés affairés.
Le processus de fabrication est à la fois très intéressant et très simple, les odeurs sucrées sont fortes, embaumant toute le périmètre d'une note caramélisée sans pour autant respirer de vapeurs d'alcool car la fermentation se fait dans des cuves hermétiques et ne sont "vidangées" que ponctuellement.
Nous avons aussi observé le balais des camions amenant la canne juste fauchée, prête à se faire presser dans les mâchoires des machines.
Nous avons fini la visite par une balade commentée dans le chais où les tonneau de rhums mis au vieillissement s'entassaient sur des rayonnages jusqu'au plafond dans une cave fraîche et sombre.
Avant de partir nous avons été conviés à une rapide dégustation de quelques variétés de rhums de la marque, puis nous avons pris congés.
Nous avons ensuite pris la direction de la petite plage de la Caravelle à la sortie de Sainte-Anne, où la pointe du banc de sable s'étend sur un récif corallien qui ferme le bassin, formant comme une grande piscine d'eau turquoise.
La plage ressemblait typiquement à celles qu'on voit sur les brochures, palmiers immenses et espacés, sables fin et blanc, eaux turquoises et calme. Un bon moment de relaxation avant de partir déjeuner en ville.
Pour terminer cette journée, et par conséquent notre voyage, nous avions voulu boucler notre tour de Guadeloupe en allant voir la pointe de châteaux. C'est la langue de terre qui s'étire à l'Est de l'île, très sauvage, composé de collines, falaises rochers et divers plages de sable grossier plus ou moins accessible.
Ici encore, on s'éloignait de l'ambiance "tropicale, revenant à une végétation rase battue par les vents, aux roches nues et coupantes. Les températures sont plus fraîches malgré le soleil qui tape. Et la randonnée qui mène à la pointe la plus éloignée, le "bout du bout", se fait non sans efforts. Une fois en haut nous avons été récompensés par une vue splendide, à la fois derrière nous sur l'ensemble de roches abruptes battues par les vagues et devant nous par un sillon de roches s'enfonçant petit à petit dans l'océan.
Au loin, nous apercevions assez biens les côtes de la Désirade sur l'horizon. Terre sauvage que j'aurais adoré visiter aussi.
Une monumentale croix catholique a été bâtie là où nous étions, nous nous sommes assis à son pied pour se reposer un eu avant de redescendre le chemin.
La journée touchait à sa fin, nous sommes donc rentrés faire nos valises, et faire une ultime baignade au coucher du soleil.
Heureux de ce voyage, même si je retiendrai avant tout le séjour en Dominique qui m'a énormément marqué par la beauté de l'île, son coté sauvage et la culture des autochtones toute aussi passionnante à découvrir que cette jungle immaculée qui recouvre l'île.
Ce n'étais surement pas le voyage le plus "aventureux", avec pas mal de plages visitées et profitées, mais l'opportunité de partir dans les caraïbes s'était présentée et j'y ai cédé facilement, ajoutant quand même la parenthèse Dominique pour donner plus de saveur à ce que ressemblait un peut à un séjour touristique en Guadeloupe.
La Guadeloupe m'a plu, car elle me rappelait beaucoup la Martinique de mon enfance, mais elle m'a aussi déplu car c'est aussi bien moins "enchanteur" que la Martinique. Peut-être que mes souvenirs d'enfance se sont enjolivés avec le temps, idéalisant mes voyages en Martinique. Néanmoins la Guadeloupe m'a laissé un ressenti moins agréable, j'y ai trouvé les gens moins ouverts, la capitale et pas mal de coins sont franchement désastreux, soit par l'homme soit ravagés par les éléments et laissés tels quels.
J'en garde néanmoins un bon souvenir, une belle expérience qui me donne surtout envie d’aller découvrir les îles caribéennes moins touristiques et plus authentiques.