Quand j'avais pris mes billets pour la Guadeloupe, je m'étais renseigné sur les ferries permettant d'accéder aux îles de Saintes et de Marie-Galante. En y regardant de plus près j'ai réalisé que certaines compagnies proposaient aussi la traversée jusqu'à la Dominique.
Du coup je me suis intéressé et renseigné à propos de cette petite nation insulaire qui s'est révélée sauvage, montagneuse et très peu touristique: tout pour me plaire!
 J'ai donc acheté nos billets pour aller passer une semaine sur cette île coincée entre la Guadeloupe et la Martinique et pourtant si différente.
En partant j'étais loin d'imaginer à quel point ce bout de terre serait une aventure dépaysante.
JOUR #1:
Nous avons pris le bateau depuis le port de Point-à-pitre au petit matin. Après avoir traversé le port et passé les longues files aux guichets nous avons fini par embarquer.
La traversée depuis Pointe-à-Pitre fut éprouvante, déjà car l'accès au bateau est un joyeux bazar antillais: ça se bouscule, c'est bruyant, mais au moins toujours dans la bonne humeur. 
La traversée en tant que telle fut horrible, j'ai eu un phénoménal mal de mer tout le long, j'ai été pris au dépourvu car je suis pourtant habitué aux bateaux de toutes tailles et je n'ai jamais eu de tels symptômes auparavant.  
Enfin, le débarquement se fait dans une confusion encore plus grande que l'embarquement, le passage aux douanes est interminable, avec 2 officiers seulement dans une salle surchauffée et étouffante pour contrôler les 300 personnes du navire. Heureusement, quand ce fut notre tour, le planton, content  d'avoir affaire à des français nous a épargné la fouille systématique des bagages. Il a tout de même fallu répondre à 2/3 questions complémentaires au formulaire / questionnaire qu'il avait fallu préremplir durant la traversée.
Après 2H30 de bateau et une heure de douane, nous avons enfin pu mettre pied sur le territoire de la Dominique. A peine débarqués sur la terre ferme, un chauffeur de taxi nous aborde pour nous conduire au loeur de voiture. Le type, baragouinant un créole français assez compréhensible, nous mena à travers les faux-bourgs colorés de Roseau. Ma première impression fut de me dire que malgré la proximité avec la Guadeloupe, c'était quand même sacrément différent.
Nous avons ensuite été récupérer la voiture de location, ou plutôt le 4x4 car, suite aux ouragans de 2017 et 2018, le réseau routier est en piteux état et le gouvernement local à interdit aux loueurs de proposer des voitures, seuls les 4x4 sont autorisés.
Une fois cela fait, nous avons pris la route pour Portsmouth, tout au Nord de l'île.
 Le ciel était chargé de nuages gris, la route pour remonter jusqu'en haut de l'île longe la côte et nous offrait un joli spectacle: d'un coté la mer grise  qui venait lécher les rochers et de l'autre un océan de verdure grimpant jusqu'au somment des montagnes. Sommets qui commençaient à disparaître dans les nuages bas au fur et à mesure de notre progression.
Sur la route nous avons aussi traversé quelques petits villages, souvent très endommagés par l'ouragan de l'année précédente et donc quasiment déserts. Des maisons de bois semblaient parfois complètement disloquées, éparpillées sur les sol alors que la végétation commençait déjà à reprendre ses droits.
Pour cette première journée en Dominique, nous avons tout d'abord été récupérer notre logement, un petit appartement sur les hauteurs de Portsmouth. Nous redescendons ensuite dans la ville pour faire quelques courses et acheter de la nourriture. Google est ici incapable de nous aider, les magasins n'y etant pas référencés, alors nous tournons quelques temps dans la ville avant de tomber sur un petit supermarché à l'air lugubre. 
Le parking est défoncé et l'entrée du bâtiment bordée par des clochards qui ont l'air saouls ou endormis.
A l’intérieur, la plupart des rayonnages sont vides, seuls les énormes et antiques congélateurs sont remplis de produits locaux, poissons, légumes en vrac. Les seuls produits disponibles viennent d’Asie et quelques uns des Etats-Unis. Comme nous l’apprendrons plus tard, la Chine a profité des ouragans pour mettre un pied sur cette île, proposant son aide pour les travaux de reconstruction, et en profitant pour trouver des débouchées pour ses véhicules et autres produits de première nécessité à la qualité douteuse.
Nous finissons tout de même par trouver de quoi manger et retournons à l’appartement déjeuner.
Après le repas, nous quittons de bonne heure notre logement pour nous rendre sur la petite péninsule des Cabrits un peu plus au Nord.
Le Cabrits National Park est constitué d'une presqu’île montagneuse surplombant la baie du même nom. Recouverte d'un jungle dense, la montagne abrite aussi les ruines d'un ancien fort français du XVIeme siècle qui servait à la défense de l'île contre les anglais.
Après nous être garés à l'entrée du parc et payés nos tickets à la petite guérite en bois tenue par de une vieille dame, nous progressons à pieds sur des sentiers que la jungle semble vouloir reconquérir.
Peu après l'entrée nous arrivons sur le fort qui a été entièrement restauré. Son esplanade offre une belle vue sur la baie en contrebas, et on comprend aisément pourquoi il a été construit à cet endroit, dominant à la fois la baie et les terres à l'arrière.
Nous sommes absolument seuls dans le parc, ce qui est bien agréable pour faire des photos des lieux et pour déambuler paisiblement. 
Le ciel toujours couvert ne semble pas vouloir se dégrader et qu'il se mette à pleuvoir, alors nous continuons notre marche, à flanc de montagne, nous nous enfonçons de plus en plus dans la jungle.
Le sentier se rétrécit encore et nous arrivons ensuite à notre 2eme étape, dans les hauteur, les ruines non restaurées des baraquements des officiers se dressent au milieu de la végétation, nous pouvons y pénétrer pour traverser les ruines des anciennes pièces du bâtiment.
Au sous-sol, accessible par une volée de marches et une grille rouillée repoussée avec difficulté se trouve le stock de munitions, des milliers de balles, boules métalliques qui jonchent le sol. Quelques chauves-souris dérangées par notre arrivée s'envolent sans un bruit au dessus de nos têtes. Ce tas de munitions complètement rouillé par l'humidité n'a manifestement pas bougé depuis plusieurs centaines d'années. Découvrir cette pièce et son contenu quasiment intacte était vraiment incroyable, laissant imaginer la vie qu'avait pu être celle des soldats en garnison ici.
La dernière étape de notre randonnée nous mena sur l'autre face de la montagne, le sentier serpentant au travers la jungle sur son flanc. Nous nous sommes retrouvés face à l'océan, et sur notre droite une autre baie d'où on pouvait voir les dégâts causés par les ouragans, les complexes hôteliers en ruines ainsi que les travaux colossaux pour reconstruire le secteur.
J'ai profité d'un accalmie du vent pour faire voler mon drone et réaliser quelques vues des baies et de la montagne où nous étions perchés.
La descente de la montagne fut bien plus aisée que son ascension, en 30 minutes nous etions de retour au niveau de la voiture. 
Alors que le jour déclinait nous avons fait le chemin inverse pour revenir au niveau de Portsmouth. Cette fois nous avons pris le temps de garer la voiture sur le bord de la route et de déambuler dans la rue principale, bordée de maison colorées rarement en bon état. De nombreuses habitations ou bâtiments étaient en ruines ou en cours de rénovation. Les habitants étaient nombreux sur les trottoirs, vacants à leurs occupations, des femmes vendaient des plats à emporter maison, alors qu’une marmite mijotait à coté de leurs tables de fortune au bord de la route. Nous le comprendrions plus tard, mais ces "mamas" qui vendent des repas à emporter constituent la façon la plus facile et plus répandue de se nourrir pour les Dominiquais.
Nous avons aussi croisé plusieurs groupes de personnes âgées, assises sur des chaises de plastique ou des bancs, semblant attendre que le temps s'écoule en observant l'animation de la rue.
La rue principale longe l'immense plage qui étend son sable noir à perte de vue. Continuant notre marche, nous avons fini par trouver un accès au bord de mer, d'où nous avons pu apercevoir un timide coucher de soleil, disparaissant derrière les nuages et la presqu’île des Cabrits que nous venions de visiter.
Fatigués par le trajet en bateau du matin, et la marche de l'après-midi, nous sommes rapidement rentrés à notre appartement pour dîner des quelques provisions achetées au supermarché, avant de se coucher assez tôt afin d'être sur pied de bonne heure le lendemain.
JOUR #2:
Le lendemain matin, nous sommes redescendus au Sud de Portsmouth, car la veille en arrivant, j'avais aperçu le long de la côte plusieurs bateaux échoués sur la plage, que je voulais aller voir de plus près.
Nous avons fini par trouver un petit chemin qui nous mena quasiment en face du "Grace Kailey" un navire de pêche échoué depuis plusieurs mois sur la plage. Ici pas de restrictions, il est possible de rouler avec sa voiture, ou plutôt un 4x4 directement sur la plage si on le souhaite. Mais j'ai préféré simplement me garer à proximité, sur le sable, pour ne pas abîmer la plage avec le Rav4.
A quelques centaines de mètres de là, un autre bateau de pêche, le "Nature Isle" (surnom de la Dominique) était lui aussi échoué dans le sable. 
Je n'ai pas pu accéder à l’intérieur des bateaux, mais de ce que je voyais, ils semblaient avoir été dépouillés depuis longtemps de toute façon.
A loin, sur une cote rocheuse, on apercevait les reste d'un très gros catamaran, dont la coque s'était accrochée aux rochers d'une digue artificielle. Brisé en plusieurs endroits, il nous était presque impossible d'y accéder.​​​​​​​
Toujours sur la plage, un peu plus au Nord, nous avons croisé 2 pêcheurs qui, avant de partir sur leur bateau, nourrissaient au grain des poules et des poussins en liberté vivant sur la plage.
Un scène simple du quotidien des habitants locaux.
Ensuite, nous avons repris la voiture pour nous diriger vers la pointe Nord de l’île, région sauvage et montagneuse. Nous avons donc repris la route menant au parc national des Cabrits, puis continué notre route vers le Nord, avant de bifurquer pour grimper le long des flancs de la montagne.
Dans cette zone, la végétation est très dense, une vraie jungle. Plus nous prenions de l'altitude en montant sur la montagne, plus la brume se faisait présente, un mélange de nuages bas et de "rosée" s'évaporant de la jungle, qui formait un épais rideau masquant les sommets et la route au loin. 
Même si nous étions privés des panoramas sur l’océan ou les vallées, la vue offerte avec ce rouleau nuageux était tout bonnement incroyable! La température dans les hauteurs était beaucoup plus fraîches qu'au niveau de la mer que nous avions quitté à peine quelques dizaines de minutes auparavant.
La pluie commençant à tomber, nous avons redescendu la montagne, car en même temps que la pluie, le brouillard recouvrait tout, et je ne voulais pas rouler à l'aveuglette vu l'état des routes et la profondeur des fossés.
De retour à notre logement de Portsmouth, nous sommes retournés au petit supermarché, racheter de quoi manger pour la journée, puis nous avons déjeuné en attendant que la pluie passe.
En début d'après-midi, nous avons repris la route, cette fois vers le Sud, où nous sommes enfoncés un peu plus dans les terres. La route serpentait entre les montagnes couvertes de végétation dense, avec très peu voir pas du tout d'habitations. Quasiment que de la nature sauvage et intacte hormis de ponctuels groupes de maisons en bord de route. 
Notre destination était une cascade magnifique, "Syndicate Falls" perdue au beau milieu des montagnes. Je n'avais pas trouvé beaucoup d'indications à propos de son accessibilité, mais nous avions décidé d'y aller quand même.
Plus nous progressions, plus la route devenait étroite, nous avons traversé plusieurs bananeraies, pour déboucher sur un chemin en terre à flanc de montagne, bordé de part et d'autre de jungle luxuriante. Le vert de la végétation ressortait presque fluo avec la pluie qui s'était remise à  tomber, et qui ruisselait le long des lianes et des immenses feuilles tropicales.
Nous avons suivi ce chemin de terres pendant plusieurs kilomètres, à tel point que j'ai fini par me demander si on ne s'était pas trompé de chemin.
Finalement, nous avons débouché sur une petite clairière où se trouvait une cabane précaire fait de planches de récupération. Nous nous sommes garés là, sous les arbres, car le chemin s'arrêtait là et je suis allé frapper à la porte de la cabane. Un homme que je venais manifestement de réveiller m'a ouvert avec le sourire, m'indiquant que comme nous passions sur son terrain pour accéder à la cascade, il me fallait payer un droit de passage équivalant à 2€.
Je lui donnais de bonne grâce, alors qu'il m'expliquait le chemin a suivre pour arriver à la cascade.
Nous sommes donc partis sur un sentier qui s'enfonçait dans la forêt tropicale, sous une fine pluie persistante, puis nous sommes arrivés au niveau d'une rivière peu profonde qui se faufilait parmi les racines des arbres. Nous avons remonté la rivière, marchant le plus souvent dans l'eau car c'était le seul passage praticable, les berges étant envahies par la forêt d'un coté, et un mur de roche de l'autre. 
Après un bon kilomètre d'une marche laborieuse entrecoupée d'escalade de troncs morts et de "sauts" rocheux, nous avons atteint la source du cours d'eau: la cascade.
Dans un havre de végétation luxuriante, la cascade, très haute, se déverse dans un bassin à l'eau bleutée. L'eay est très froide, et la pluie continuant à tomber nous a découragé à nous baigner, même si c'était très tentant tout de même.
J'ai eu à cet endroit un sentiment incroyable, je me sentais seul au monde, dans un endroit méconnu, difficilement accessible, au beau milieu de la jungle d'une île peu connue. Je me sentais plus aventurier que jamais.
J'ai pris mon temps pour faire de multiples photos et faire voler mon drone, puis nous sommes allés nous balader autour de la clairière, profitant du lieu que nous avions rien que pour nous.
Après avoir refait le chemin inverse les pieds dans l'eau et toujours sur une fine pluie qui avait fini par détremper nos vêtements, nous avons récupéré la voiture, salué le propriétaire du terrain dans sa cabane puis nous sommes redescendu de la montagne.
Le soir nous devions dormir dans un autre logement, de l'autre coté de l'île, dans le village de Marigot. Les nombreux noms de villes français rappelaient que cette île avait longtemps été un territoire de France. D'ailleurs, même si la langue officielle est l'anglais, la plupart des insulaires comprennent le français et parlent entre eux dans un créole français assez facilement compréhensible.
Nous traversons l’île par la route du Nord qui traverse les montagnes, c'est la zone la plus sauvage de l’île, qui est entièrement composée de montagnes et de jungle. Nous croisons seulement quelques petits villages de temps à autres, composés aux maximum d’une dizaine de baraques avant de finalement rejoindre la cote Est que nous redescendons en direction de Marigot. 
En longeant la côte, nous finissons par arriver au village, composé d’une rue principale avec quelques commerces aux façades lépreuses devant lesquelles des anciens somnolent alors que le soleil commence à passer derrière les montagnes. Marigot est à flanc de montagne, avec d'un coté l'océan et de l'autre la montagne. Après avoir tourné en rond pour trouver notre logement, je finis par demander des indications à un rasta en train de bricoler sa voiture et qui parlait parfaitement français. Sympathique, l'homme nous donne des explications qui nous permettent de trouver facilement la maison située dans les hauteurs au dessus de la grande rue.
Nos logions chez l'habitant, un charmant couple possédant une des rares maisons semblant avoir été épargnée dans le quartier. Eux vivant au rez de chaussée, nous disposons de tout l'étage, et même d'un petite terrasse donnant vue sur le village et l'océan par derrière.
JOUR #3
Le lendemain matin, nous nous sommes encore une fois levés avec le soleil pour partir longer la côte vers le Nord.
Notre destination était une zone de côte sauvage, dont les différentes baies étaient composées de sables volcaniques rouges ou noires selon les endroits.
Nous avions décidé d'aller voir la "black sand beach". Après 30 minutes de routes, nous sommes arrivés au bout d'un petit chemin ou se trouvait un genre de guérite en bois semblant déserte. Sans doute que l'accès, passant encore une fois sur un terrain privé devait être payant, les locaux ne gâchant jamais une opportunité de faire de l'argent facile. Mai sil n'y avait personne à l'horizon, hormis un vieux pick-up manifestement abandonné.
Nous avons alors garé le 4x4 sous les arbres, puis équipés de chaussures de randonnée, nous nous sommes enfoncés dans la forêt. Un mince sentier sinuait entre les troncs tortueux et les buissons aux épines acérées qu'il fallait prudemment écarter de notre chemin pour passer.
Après 20 bonnes minutes de marche, nous avons laissé la forêt derrière nous, débouchant sur un plateau rocheux orange vif, et très pentu. En y progressant prudemment nous en avons atteint le bord, à pic, et à nos pieds la plage totalement déserte, absolument sauvage et avec un sable d'un noir de jais.
Nous avons passé de longue minutes pour chercher un moyen de descendre sur le sable, et j'ai finalement découvert un petit passage avec de vagues encoche à flanc de roche formant une échelle primitive qu'il nous a fallu emprunter avec précaution. La roche était friable et cédait facilement sous les pieds dans la descente.
Finalement arrivés sur la plage, je me suis alors qui que le spectacle offert en valait vraiment les efforts. Le sable était si noir qu'on se croyait sur une route au bitume neuf. La mince bande de sable s'élançait sur plusieurs centaines de mètres, bordée par une mer rocheuse et d'autre part du flanc rocheux que nous venions de descendre. Des cocotiers arqués s'élançaient au dessus de l'eau, et un peu plus loin la jungle dominait à nouveau la rive, lançant sa végétation luxuriante à l'assaut du sable.
Nous sommes restés sur cette plage quelques temps, trempant les pieds dans l'eau ou partant marcher le long de la rive, cependant comme il était difficile de se baigner à cause des roches à fleur d'eau, nous sommes tout de même reparti assez vite, rebroussant chemin à travers la jungle.
En revenant à la voiture, nous sommes repassé devant la guérite où cette fois j'ai entendu des voix, mais toujours sans voir personne. En m'approchant, j'ai découvert 3 rastas assis sur le sol au fond de la cabane en train de fumer et se passer une bouteille de rhum. Souriants, ils m'ont salué et demandé si c'était moi qui avais garé le 4x4 sous les arbres. J'ai confirmé en demandant s'il y avait, du coup, quelque chose à régler. Ils m'ont répondu que non c’était bon et nous ont souhaité une bonne journée. 
Nous avons continué à remonter la côte pour tenter de rejoindre une plage sauvage, elle aussi avec du sable noir et sensée être à la fois une des plus belles plages de l'île et une des plus difficiles d'accès.
En suivant les indications glanées, nous nous sommes arrêtés sur le bord de la route en pleine montagne, avant de chercher un petit sentier qui descendait au travers de la forêt. Ici encore, nous avons mis tout un moment à arriver sur la plage. La jungle était très fournie, le sentier à peine visible et de nombreuses plantes et arbres bloquaient la route. Il a fallu se frayer un chemin en contournant souvent les obstacles, pour au final arriver au niveau de la mer. La végétation y était moins dense et s'éclaircissait de plus en plus avec notre progression. 
Passant sous d'immenses arbres feuillus, nous avons débouché entre des troncs de cocotiers décapités par le vent, sur une plage très longue, et très large et surtout totalement sauvage et déserte.
Je pense que c'est un des endroits les plus reculés de l'île auquel nous avons pu accéder. De part et d'autre de la plage, de hautes falaises de roche ocre, un sable noir et très fin, qui volait au moindre souffle du vent et une eau avec de puissantes vagues qui m'ont fait dire que j'aurais aimé avoir ma planche à ce moment.
La forêt tropicale, impénétrable s'étendait à perte de vue derrière nous, nous étions réellement seuls au monde, tels des Robinson Crusoé amateurs. Nous y sommes restés quasiment deux heures, profitant de l'océan, qui, malgré les vagues, était facile d'accès pour la baignade. Ainsi qu'un peu d'exploration jusqu'à l’extrémité Nord de la plage où une rivière débouchait sur l'océan, formant un petit estuaire dans le sable.
Nous sommes ensuite retourné à notre logement à Marigot, pour déjeuner rapidement, car la journée était déjà bien avancée. Puis nous avons repris la route, pour aller voir la cascade de "Emerald Pool".
La cascade est située en plein centre de l'île, il nous a donc fallu descendre le long de la côte avant de bifurquer au cœur des montagnes couvertes de jungle, empruntant des routes de plus en plus petites, pour finir sur un simple chemin de terre lors des derniers kilomètres.  Nous avons mis une bonne heure et demie pour arriver à proximité de la zone. L'état des routes de ce coté de l’île était bien meilleur que le flanc Ouest, ravagé par les tempêtes. Et heureusement, car les routes ont beaucoup plus de dénivelé et il aurait été très compliqué, même avec le 4x4, de s'y aventurer si les voies étaient aussi défoncées qu'à l'Ouest.
Sur la route, nous nous sommes arrêté devant une cabane en bambou au beau milieu de nulle part, tenue par un rasta qui vendait des fruits et légumes de sa propre production. Je lui ai acheté une dizaine de fruits de la passion, aussi gros que des pamplemousses, des bananes et d'autres fruits exotiques que nous voulions découvrir,  le tout pour environ 3€. Ces fruits de la passions, que j'adore, ce sont révélé être les meilleurs que je n'aie jamais mangé!
Ces petites échoppes se trouvent assez régulièrement sur les bord de route de Dominique, ouvertes au gré de leurs propriétaires, nous en avions croisé quelques unes auparavant, toutes avec l'enseigne "FARMACY", qui m'interrogeait quant à ce qu'ils y vendaient. Le terme est trompeur, car je m'imaginais une sorte de dispensaire médicale, ou bien des herboristes. Mais le mot "farmacy" vient plutôt du mot anglais "farm" qui signifie "ferme". Ce sont des des étalages de particuliers vendant les produits de leurs productions personnelles.
Une fois la voiture garée sous les arbres, nous avons progressé le long d'un sentier aménagé qui longe la gorge où se trouve la cascade, il nous a fallu marcher tout un moment au dessus de la gorge, avant qu'un passage ne permette de faire le chemin dans le sens inverse et pouvoir revenir vers la cascade plus en amont.
La chute d'eau et son petit bassin d'eau turquoise sont des lieux de loisirs assez fréquentés par les locaux qui viennent en famille s'y baigner et s'amuser dans la rivière en contrebas.
Heureusement, à notre arrivée il y avait seulement une famille,, dont les parents observaient leurs enfants jouer dans le bassin, nous accueillant avec le sourire nous avons un peu bavardé avant qu'ils ne partent, nous laissant la cascade pour nous tous seuls. 
Malgré le ciel couvert, l'eau était très transparente et légèrement bleutée, bordée de végétation, de lianes et de racines qui pendaient le long des parois rocheuses. Un petite couche de mousse et d'herbe formait un tapis sur tout le pourtour du bassin. 
Après s'être déshabillés, et enfilé nos maillots, nous nous sommes plongés dans l'eau, qui était relativement froide par rapport à la température de l'air, et nous avons barboté dedans tout un moment, passant la tête sous la cascade dont le débit et la hauteur permettait qu'on passe sous l'eau sans se faire écraser par la masse d'eau. Contrairement à al cascade de Syndicate, où il était difficile de s'approcher du rideau d'eau.
Après la baignades nous sommes allés nous balader le long de la gorges avant de finalement retourner au 4x4 et reprendre la route pour retourner sur Marigot. A l'aller nous avions trouvé le vendeur de fruits, et au retour cette fois, nous sommes tombés, au détour d'un col de montagne, sur une petite cabane où un panneau peint à la main signalait qu'ils vendaient des œufs. Nous nous sommes donc arrêtés pour en acheter quelques uns.
Une jeune femme nous a accueilli sur le pas de sa porte, et quand nous lui avons demandé les œufs, elle est tout simplement allée ouvrir la porte du poulailler voir ce que ses poules avaient pondu. 
Nous sommes donc rentrés avec le coucher du soleil et un plein sac d’œufs pour les repas des jours suivants.
JOUR #4
Ce matin là, le ciel était encore couvert, mais la chaleur étouffante était déjà présente dès le lever du jour. Nous avions décidé de redescendre dans la vallée de Roseau, où, entre les montagnes, de nombreux bains chauds et soufrés étaient accessibles.
Nous avons mis deux heures pour y arriver, car nous avons fait plusieurs arrêts afin de faire des photos et faire voler le drone. Une fois dans la vallée, nous avons progressé sur un réseau de chemins de terre défoncés par le ruissellement de la pluie qui avait creusé d'énormes crevasses.
Tout au bout de cette vallée, se trouvaient les sources chaudes que nous cherchions. Tel un petit village divers locaux avaient construits des bassins à flanc de roche le long de la rivière et dévié des sources qu'ils faisaient s'écouler dans leurs bains terreux. Ainsi, tout le long de la rivière, à intervalles réguliers, on trouvait ces bassins, accessibles par un portail où il fallait payer le gérant pour y accéder.
Suite, encore une fois, aux ouragans, la plupart des bassins étaient détruits et/ou fermés. Après être passé devant de nombreux portails fermés, nous avons fini par tomber sur 2 personnes, en train de faucher de l'herbe devant une clôture. Je me suis arrêté pour aller discuter avec eux. Ils se sont révélé être un couple de français, faisant le tour du monde à la voile, et ici en escale pour donner un coup de main au propriétaire de ce bain, un ami à eux.
Nous avons vite sympathisé et ils nous ont proposé d'accéder à leurs bains, qu'il venaient à peine de reconstruire, et qui n'était pas encore ouvert au public.
Sautant sur cette occasion inespérée, nous les avons chaleureusement remerciés avant de descendre par une petite échelle de bois dans la gorge de la rivière, que nous avons longé quelques mètres pour accéder au bain.
Evidemment, l'atmosphère était saturée de l'odeur caractéristique du souffre, une odeur d’œuf pourri. Mais la brise suffisait pour rendre le tout respirable.
L'eau y était incroyablement chaude, et fumait énormément quand elle se déversait du tuyau de dérivation. Ils nous a fallu plusieurs minutes avant d'arriver à s'y immerger, le temps d'habituer notre peau à la température.
Nous avons pu nous y délasser, seuls et en pleine nature. C'était une expérience vraiment incroyable et pouvoir en profiter de cette manière ajoutait encore une dimension au moment.
Au moment de ressortir nous avons pris le temps de boire une bière, offerte par les français, tout en bavardant de nos voyages respectifs.
En redescendant ensuite sur la route principale de la vallée, nous avons continué à progresser pour en atteindre le bout.
Au fond de la vallée se trouve un parc naturel où il est possible de contempler une des plus belles cascades de l'île: La Trafalgar Waterfall.
En suivant la rivière, nous avons fini par atteindre un petit parking, puis nous avons continué à pieds sur des sentiers étroits qui se faufilaient entre d'énormes rochers. Autour de nous, la jungle tapissait le paysage, jusqu'au sommet des pitons rocheux plantés de part et d'autre de la rivière.
Finalement, nous sommes arrivés à un petit kiosque de bois, vermoulu par l'humidité, et juste derrière la cascade formée en fait de deux chutes d'eau s'écoulant de part et d'autre d'un des pitons de roche volcanique. L'érosion avait drainé au pied des chutes d'immenses roches, très glissantes, qui a ralenti notre progression pour approcher des cascades. 
Ici, impossible de faire voler le drone correctement à cause des perturbations electro-magnétiques provoquées par l'eau qui brouillaient le signal radio. Je me suis donc contenté de faire des photos avec mon appareil, puis nous avons été crapahuter entre les roches, mais comme elles étaient très glissantes, nous avons vite fini par abandonner.
La vallée où se situent les cascades était très impressionnante avec les nombreux pitons rocheux qui émergent de la jungle tout autour de nous et le cours d'eau qui la traverse en se faufilant parmi les arbres gigantesques. 
Ces pitons de roche sont d'ailleurs des vestiges d'anciens volcans, ce sont les cheminées de lave refroidie qui sont restées en place après que l'érosion ait ôté la terre et la cendre tout autour.
En ressortant de la vallée, nous avons fait halte à Roseau, capitale de l'île. C'est une ville qui grouille de vie, avec de nombreuses voies en terre battue, les bâtiments sont souvent en mauvais état, voir totalement délabrés et abandonnés, mais toujours peints de couleurs vives. Les rues sont encombrées d'un nombre improbable de monde, de voitures garées n'importe comment, les minibus-taxis s'entassent en file indienne avant de partir déposer leurs passagers aux quatre coins de l'île. Il y a des chevaux, des charrettes, des étals à même le trottoir ou la route, bloquant plus ou moins la circulation déjà très dense.
L'ambiance y est agréable, chaleureuse, avec cette ambiance laconique propre aux Antilles. Les gens que nous croisons sont souvent souriant et sympas avec nous quand nous demandons notre chemin. 
Après avoir vagabondé dans les rues de la ville, nous atterrissons dans une petite pizzeria pour prendre notre repas du midi.
Une fois cela fait, nous retournons à la voiture en faisant une halte sur le port afin d'acheter de la nourriture et passer dans une pharmacie afin d’acheter des médicaments contre le mal de mer en prévision du trajet retour en Guadeloupe. Dans la pharmacie j'ai été étonné qu'absolument tous les médicaments soient en vente libre, si j'avais voulu, j'aurais pu acheter des antidépresseurs, de la morphine vendue au litre, et tout ça sans ordonnance.
Nous avons ensuite pris la route du retour pour revenir sur Marigot en fin d'après-midi.
Dans la soirée, le soleil couchant qui filtrait à travers les nuages inondait la côte d'une curieuse lumière très jaune. Teintant toute la baie et les maisons alentours d'une ambiance sépia. Je suis vite sorti sur la terrasse prendre quelques photos, car le phénomène fut assez bref, à peine une dizaine de minutes.
JOUR #5
Au matin de notre dernière journée sur cette île incroyable,  nous avons à nouveau pris la voiture pour longer la côte Est de l'île, au Sud de Marigot. 
Sur notre chemin se trouvait le territoire Caribe, composé de plusieurs villages côtiers dont les habitants sont les derniers descendants des indiens vivant dans les îles des caraïbes (d'où le nom) avant l'arrivée des Européens. C'est une communauté assez refermée sur elle même, relativement pauvre, même par rapport au reste de l'île. Ils subsistent de petits boulots manuels ou via un "parc à thème" qu'ils ont créé autour de la culture Caribe. Dans les faits, ce parc d'attraction se résume à des huttes en bambous où des femmes en tenues traditionnelles vendent de la nourriture et des souvenirs.
Nous avons juste traversé les villages successifs, nichés entre les collines le long de la côte. Quelques barques amarrées devant des cabanes en bois sur pilotis, et d'autres petites maisons colorées disséminées à flanc de montagne. Étonnamment, tout y est parfaitement propre et entretenu, ce qui contraste avec le reste de l'île. L'herbe sur le bord de la route est tondue, les bas cotés sont plantés de fleurs, de nombreuses décorations ornent les poteaux électriques et les façades de maisons. Pas de ruines, pas de déchets, ici la nature est domestiquée et nous avons croisé beaucoup d'habitants sur le bord des routes en train de s'occuper de l'entretien.
Un peu plus au Sud de ce territoire se trouvent des terres plus sauvages et plus montagneuses, la côte y est abrupte et très découpée. Nous arrivons dans la zone "volcanique" de l'île et cela se voit. 
Nous avons garé la voiture au bout d'un chemin de terre, pour continuer à pieds vers le bord de mer. L'endroit où nous étions formait une petite péninsule d'où nous pouvions avoir une vue sur le reste de la côte sauvage.
A nos pieds, un escalier fait de bois descendait le long de la falaise pour nous amener sur un plateau de rochers où les vagues se fracassaient bruyamment. L'endroit est appelé "La tête de chien" car une coulée de lave se jetant dans l’océan est censée ressembler au crane d'un chien. Je n'ai pas trouvé la ressemblance frappante, mais le lieu est magnifique avec des roches multicolores qui résistent à l'assaut de l'océan et cette langue de lave durcie qui vient plonger dans l'eau.
Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés chez le type qui m'avait indiqué la route pour notre logement quand nous étions arrivés à Marigot. En effet, j'avais remarqué qu'il bricolait pas mal de voitures devant chez lui, et comme j'avais cassé la calandre du Rav4 en roulant dans les broussailles, je suis allé le voir, demander s'il avait de quoi réparer pour m'éviter de perdre la caution du 4x4.
M’accueillant avec le sourire devant chez lui, il me donna les pièces dont j'avais besoin pour ma réparation, et tandis que je remontais ça, nous avons bavardé. Il m'expliqua dans un français correct, même si teinté d'un fort accent créole, qu'il avait vécu un an à Marseille dans sa jeunesse, ce qui expliquait qu'il parle aussi bien notre langue.
Un peu original, sa 2ème passion après la mécanique était de peindre des panneaux de messages politiques ou bien de messages concernant l'adultère en citant des passages de la bible. Panneaux dont il recouvrait la façade de sa maison et qu'il disséminait dans tout le village. Nous en avions croisés quelques uns qui m'avaient amusés, sans savoir qui était l'auteur de ces messages farfelus. 
Une fois la réparation finie, je suis allé à l'épicerie juste à coté afin de lui acheter quelques bières pour le remercier.
Sur un dernier salut chaleureux, nous sommes ensuite repartis jusqu'à chez nous à quelques centaines de mètres de là.
Pour notre dernier après-midi en Dominique, nous avons décidé d'aller nous baigner sur une plage non loin de Marigot appelée Mangrove Bay Beach.
La plage, petite baie perdue entre 2 pointes rocheuses, était totalement déserte. Après nous être installé sous un manguier qui déployait ses branches au dessus du sable, nous avons été nager et voyant qu'il y avait un massif corallien à proximité je suis retourné chercher mon tuba pour aller l'observer.
Le ressac était assez fort et tendait à me plaquer contre les rochers et le corail coupant. De plus, les roches étaient infestées d'oursins noirs, qu'il m'a fallu esquiver avec prudence.
Nous y avons passé la majorité de l’après-midi avant de rentrer préparer nos sacs et ranger le logement pour le départ du lendemain.
JOUR #6
Le lendemain matin, nous nous sommes levés très tôt, car il nous fallait traverser l'île pour rejoindre Roseau et prendre le bateau qui nous ramènerai en Guadeloupe.
Après avoir été saluer nos ôtes nous avons pris la route sous la pluie, traversant une dernière fois ces routes montagneuses à travers cet océan de jungle. 
Une heure et demie de route plus tard, nous avons rendu la voiture à l'agence de location, puis nous nous sommes dirigés vers le port pour repasser les douanes et monter dans le bateau. Je me suis bourré de médicaments anti-mal de mer achetés quelques jours plus tôt afin d'éviter l'horrible épreuve subie lors du trajet aller.
An final les médicaments ont parfaitement fonctionné, et j'ai pu en profiter pour grimper sur le pont et photographier l'île qui s'éloignait de nous.
Avec le recul ce voyage, bien que bref, a surement été un des plus marquant que j'ai pu faire, tant par l'aspect nature omniprésente que par la culture insulaire si particulière de ce pays. 
Sans aucun doute j'y reviendrai un jour, car j'ai la sensation de n'avoir que survolé les merveilles à y découvrir. Je resterai plus longtemps pour prendre le temps de faire des randonnées et plus m'imprégner de l'ambiance, notamment en allant vers les habitants.
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